Fan de Lacazette et chouchou de Luis Enrique avec de faux airs d’Henry : à la découverte de Bradley Barcola, qui a tant fait mal au Barça
Déterminant dans la qualification parisienne pour les demi-finales, Bradley Barcola prend une nouvelle dimension ces derniers mois. Portrait.
- Publié le 17-04-2024 à 19h47
- Mis à jour le 17-04-2024 à 21h22
Son entrée, à la mi-temps du match aller, avait fait vaciller le FC Barcelone. Qui a fini par définitivement tomber ce mardi où sa titularisation a été l’un des choix forts de Luis Enrique.
Si Ousmane Dembélé est reparti avec le trophée du joueur du match, il a sans doute remercié Bradley Barcola qui l’a servi sur l’égalisation après avoir provoqué l’exclusion de Ronald Araujo. En martyrisant d’un bout à l’autre du match Jules Koundé. Confirmant qu’il était bien le troisième homme de l’attaque parisienne avec Dembélé et Kylian Mbappé, loin devant Randal Kolo-Muani et Gonçalo Ramos achetés respectivement 90 et 80 millions quand lui en a coûté 50 dont 5 en option. Ce qui ressemble presque à une bonne affaire a pourtant surpris cet été. Parce que Barcola, natif de Villeurbanne dans la banlieue de Lyon, n’avait derrière lui que peu de références avec son club formateur rejoint à 8 ans où il a explosé en seconde partie de saison dernière. De manière très surprenante.
Après six mois passés à jouer les utilités avec huit petites apparitions au compteur, celui qui avait délivré une passe décisive pour ses débuts en novembre 2021 contre le Sparta Prague juste après avoir signé son premier contrat pro entendait profiter du mercato de janvier 2023 pour s’aguerrir en prêt, passant tout près d’un départ à Saint-Gall, en D1 suisse. Sauf que la vente de Karl Toko-Ekambi a ouvert d’autres perspectives à ce fan de Pierre-Emerick Aubameyang et de Cristiano Ronaldo qui a terminé la saison avec 7 buts et 10 assists en 31 apparitions pour devenir le deuxième joueur le plus décisif de l’effectif derrière Alexandre Lacazette, l’idole qui tapissait les murs de sa chambre et dont il avait le maillot enfant.
”J’ai mis un peu de temps pour le connaître, a avoué Laurent Blanc évoquant dans L’Équipe un jeune joueur “avec un peu de nonchalance”. “Mais quand il met le turbo, il va vite.”
Au point d’avoir enclenché depuis un an la surmultipliée. Absent des sélections jusqu’en U20, il a découvert les Espoirs en juin dernier lors de l’Euro, point de départ d’un été agité. Si, durant cette compétition où il a été une des rares satisfactions des Bleuets éliminés en quart avec ses deux buts et deux passes décisives, il avait fermé la porte à un départ en lançant “j’ai une saison à confirmer, il ne faut pas oublier que j’ai juste fait six mois. Pour l’instant, je ne vois pas pourquoi je partirais, j’ai besoin de faire une saison pleine” , il l’a rouverte indirectement en changeant d’agent pour intégrer Gestifute, l’écurie d’un Jorge Mendes très implanté au Paris SG. Où, malgré des marques d’intérêts de Manchester City, de Chelsea et du FC Barcelone, il a signé à la fin du mois d’août, effectuant ses grands débuts à Lyon dans un contexte brûlant, entre insultes et sifflets, qui ne l’ont pas déstabilisé. Signe de la grande force de caractère d’un joueur au potentiel identifié, mais qui a pris son temps avant de brutalement accélérer.
”Bradley est arrivé en pro à 16 ans. C’est quelqu’un qui écoute, observe, apprend et applique. Il est tranquille, humble, travailleur et il sait où il veut aller. C’est lui, par son professionnalisme, qui a construit son chemin, détaillait à l’automne Gérald Baticle qui a côtoyé Barcola à Lyon, mais aussi désormais en équipe de France Espoirs. Quand tu allies technique, vitesse et que tu mets en place la méthode au quotidien pour progresser sans cesse, il n’y a pas de limite. Qu’il arrive à tout de suite se mettre dans le ton et dans la rotation parisienne, ce n’est pas surprenant.”
J'aime tout chez lui.
Peut-être parce que Luis Enrique a très vite milité pour sa venue. “J’aime tout chez lui, a indiqué le technicien cet hiver. Il a une très grande marge de progression, il apporte de la vitesse, des débordements et aussi du travail défensif. C’est une merveille de disposer de Bradley au sein de notre effectif.”
Thierry Henry, qui en a fait un cadre depuis sa nomination chez les Espoirs, ne dira pas le contraire, dribblant un peu cette filiation que le profil de ce fils d’une maman française et d’un papa togolais peut nourrir par sa vitesse, mais aussi “par ce duvet et ces nattes, oui”. Mais rien ne dit qu’il pourra s’appuyer sur lui cet été puisqu’une place pourrait se libérer chez les Bleus avec la blessure de Kingsley Coman. Didier Deschamps ne s’en cachait pas le mois dernier : “Il fait partie des joueurs que l’on suit bien évidemment, avec des enchaînements de matchs ces derniers temps où il a fait voir de belles choses. Il a besoin de s’affirmer aussi plus dans le contenu mais c’est un joueur à fort potentiel.”
Guy Stéphan, l’adjoint du sélectionneur présent au Montjuic ce mardi soir, pourra confirmer. Le Barça aussi.